En Eure-et-Loir, la coopérative logistique des producteurs est en péril
Malgré le développement significatif des produits locaux dans les cantines, la coopérative logistique des producteurs d’Eure-et-Loir cherche son équilibre financier.
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Tous les jeudis matin, David Eymard, céréalier bio à Trancrainville en Eure-et-Loir, dépose ses sacs de farine chez son collègue Jérémy Desforges, situé à 3 km. Celui-ci commercialise des légumes secs et des graines décortiquées bio. Dans la journée, un camion de « Sur le champ ! » récupère toutes les marchandises. Cette plateforme logistique, créée en 2019 par la chambre d’agriculture d’Eure-et-Loir et la coopérative Scael, facilite la logistique des producteurs. Une fois les produits regroupés à Chartres, ils sont livrés à la restauration collective ou aux magasins. « En comptant la main-d’œuvre, les livraisons reviennent à 50 € par heure. Si je devais faire le tour de tous mes points de vente, le coût final serait bien supérieur à ce service, facturé 22 % du chiffre d’affaires », juge Jérémy Desforges.
La SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif) « Sur le champ ! » commercialise des produits locaux. Elle rassemble 75 producteurs, mais aussi 150 collectivités et clients privés. Une gestion originale qui incite chacun à jouer le jeu. Le conseil départemental d’Eure-et-Loir a mis en place un marché alimentaire unique pour 38 collèges et 12 lycées du territoire. Résultat : en six ans, les produits locaux ont fait un bond de 126 % dans le marché alimentaire.
Pas assez rentable
Malgré ces bons résultats, l’outil logistique est en péril. « S’il n’y a pas d’amélioration en 2026, nous arrêterons », a prévenu Christel Minard, députée LR et conseillère départementale, le 9 octobre à Chartres (Eure-et-Loir). Bien que l’activité atteigne 1,3 million de chiffre d’affaires (M€), elle n’est toujours pas à l’équilibre. La chambre d’agriculture et la Scael ont abandonné 100 000 euros de créance et appellent les collectivités engagées dans un projet alimentaire territorial à utiliser cet outil. Les communautés de communes de Dreux et du Bonnevalais sont déjà passées à l’action.
Autre point bloquant, le peu de produits locaux répondant à la loi Egalim en Eure-et-Loir : seulement 2,7 % de la SAU est en bio et il existe très peu de produits sous signes de qualité, AOP ou IGP. Or, la loi impose « au moins 50 % de produits de qualité et durables ». Une des solutions serait de reconnaître les marques locales sous cahier des charges. Christel Minard s’attelle à faire évoluer la loi. En Eure-et-Loir, un tiers des agriculteurs-transformateurs fait partie de la marque « Terre d’Eure-et-Loir ».
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